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ÉDITORIAL
Libertaires, nous considérons que les institutions dites “démocratiques” de l’État, ne sont ni légitimes, ni démocratiques. En effet, elles permettent la reproduction d’oppressions et de discriminations sociales, elles permettent à une minorité de décider de tout (oligarchie), et elles maintiennent un cadre favorable au capitalisme, soit en s’adaptant en surface sans changement profond, soit en ré- agissant de manière autoritaire (violences policières, 49- 3,…).
Les municipales n’échappent pas à cette critique. Certes le scrutin est un peu plus proche de nous et certains effets peuvent être immédiats. Pour autant peut-on considérer qu’un scrutin organisé selon des règles qui nous échappent est légitime ? Cette logique de « pouvoir » que l’élection crée en permettant d’élire des chef.fe.s, génère des stratégies pour le conquérir et pour le garder, ce qui éloigne souvent les démarches sincères et délèguent le pouvoir que l’on a, à une minorité. On est condamné a attendre l’homme ou la femme providentielle, qui ne viendra probablement jamais. C’est pourquoi les libertaires, les anarchistes revendiquent des fonctionnements horizontaux, directs, que ce soit dans la « commune » ou dans le travail.
Dans le cadre de ce scrutin municipal, les mêmes questions se posent : dois-je ou ne dois-je pas voter ?
Qu’importe, le vote ou l’abstention sont individuels, et relèvent de stratégies personnelles mais ces stratégies ne doivent pas se substituer à des actions et organisations collectives en dehors des institutions qui permettent de construire des structures horizontales.
À Fougères, sur 4 des 5 listes (L.O. en présente une pour la première fois), les têtes de liste ou second sont déjà au conseil municipal (E. Lafaye, I. Biard, L. Feuvrier, V. d’Orsanne) et au regard des propositions communes des un.es et des autres (sur la participation des habitant.es, l’écologie, le retour du train,…), on se demande pourquoi ces 6 dernières années de tels projets n’ont été ni la priorité, ni portés avec force, puisqu’ils constituent le cœur de la plupart des programmes…
De là à s’interroger sur la sincérité des propositions (sans doute certaines le sont), il n’y a qu’un pas…
ÉCOLOGIE
Il n’est plus nécessaire de le démontrer, le défi écologique est de taille et l’activité anthropique, notamment industrielle, est directement mise en cause. En toile de fond, son organisation, le capitalisme, qui organise la course au profit sans prendre en compte les conséquences sur les travailleurs et les travailleuses et sur l’environnement.
Les « efforts » individuels et le capitalisme vert ne font que délocaliser les problèmes écologiques de nos territoires et au mieux en diminuent légèrement l’impact. L’utilisation outrancière des ressources continuent sous d’autres formes et la destruction de la biodiversité avec. Aménager la ville, d’accord, mais il est aussi nécessaire de contrôler les conséquences des entreprises sur la vie locale, leurs impacts environnementaux. Mais là dessus, aucune communication, aucun engagement. L’écologie, même si les propositions des listes sont peut-être sincères, ne s’ancre que sur un versant individuel et minoritaire (modification des pratiques par des aménagements incitatifs). Aucune réflexion sur le travail et ses formes, les conséquences de la production sur l’environnement n’est pas porté, alors même que ces sujets peuvent être réfléchis localement en dehors et dans le cadre des prérogatives municipales.
La démocratie n’est réelle que si les oppressions et discriminations sont combattues (sexisme, racisme,…) et l’exploitation des salariés en fait partie ! !
DÉMOCRATIE
La démocratie directe est un espace où le cadre général est défini par les habitant.e.s et où peuvent s’exprimer des aménagements et des envies différentes selon les quartiers, selon les communes. Les personnes qui portent la parole des autres sont sur des mandats courts, spécifiques et révocables.
En revanche, la démocratie représentative est une délégation de pouvoir qui s’exerce sans contrôle possible avec les dérives que nous ne pouvons qu’observer et déplorer.
La municipalité n’échappe pas à cette réalité : organisée de façon très hiérarchisée, elle ne redistribue pas le pouvoir. C’est une sous-structure de l’État, elle dépend de ses subventions, du cadre légal que l’état fixe et, si elle entre en contradiction avec certaines valeurs de l’État (en réquisitionnant des logements par exemple), elle peut se retrouver sous tutelle. Elle n’a aucune influence sur l’État, mais l’inverse n’est pas vrai.
Cependant l’exigence démocratique augmente face à l’imposture qu’est le système représentatif. Ce dernier se caractérisant notamment par : des intérêts défendus prioritairement (en particulier économiques) et les classes sociales qui l’investissent (bourgeoisie, petite-bourgeoisie, certains cadres et professions intermédiaires,…). Nous n’échappons pas non plus à cette réalité localement, quand on observe la faible proportion d’ouvrier.es ou d’employé.es sur les listes (LO faisant ici exception).
On voit alors fleurir, comme sur la question écologique, des aménagements à la marge, qui seraient censés venir contrebalancer les effets pervers d’un système déjà bien éculé : la fameuse démocratie participative. À l’échelle locale, toutes les listes s’y essaient : referendum local, conseil de quartier, assemblée citoyenne, …
Pour autant, lorsque le Conseil municipal définit les prérogatives des espaces d’échanges entre les habitant.es (prérogatives plus ou moins étendues fonction des programmes), ou quand on demande aux habitant.es des Conseils de quartier de choisir par exemple la couleur des pots de fleur, est-ce que ce sont réellement des espaces démocratiques ? Si nous n’avons pas l’initiative des sujets que nous traitons et que c’est la Mairie elle-même qui organise les espaces de « contrepouvoir », ces espaces ne seront ni vivants, ni totalement indépendants et leur utilité est alors limitée. La démocratie participative réussit l’exploit, parce qu’institutionnalisée par les espaces de pouvoir eux-même avec des techniques de concertation plus ou moins libres, de dépolitiser des lieux normalement créés pour générer des espaces politiques…
Ce n’est pas parce que nous sommes critiques des solutions démocratiques proposées dans le cadre du système représentatif que nous pensons qu’aucune alternative n’existe. Localement et dans de plus en plus de villes, se développent des espaces de démocratie directe, d’auto-gestion où la politique (relatif à l’organisation ou auto-gestion de la vie du quartier, de la commune,…) se mêle avec les activités sociales et culturelles, où l’horizontalité existe parce que chacun.e a le même statut (pas de salarié, ou de bureau d’association). Ces espaces peuvent se développer de plus en plus afin que chaque quartier puisse avoir des lieux d’auto-organisation, jusqu’à se fédérer et gérer la commune par le bas et non par le haut. Ces espaces en plus d’être hautement politique permettent de développer une réelle vie de quartier et une solidarité forte entre les personnes qui les fréquentent !
Vues schématiques : La première présente le cadre institutionnel dans lequel s’inscrivent la municipalité actuelle et les différents programmes. La deuxième, une autre possibilité d’organiser les prises de décisions collectives, plus démocratique.