Le système de retraite par répartition, tel que pratiqué en France depuis la fin de la seconde guerre, va peut-être bientôt être terminé.
A la place, le gouvernement pousse un projet de retraite à points qui brise ce qui restait de solidarité et augmente encore les inégalités.
Pourtant, en parcourant le site du gouvernement dédié à la réforme, on y apprend que “[…] notre système de retraite a connu, ces trente dernières années, plusieurs réformes destinées à répondre à la question de sa pérennité financière, que met en péril le vieillissement de la population. Aujourd’hui, grâce à ces différentes réformes, l’équilibre financier est presque atteint.”
Mais alors pourquoi cette refonte radicale du système ? On pouvait déjà discuter l’obligation d’équilibre financier pour un système de solidarité, surtout lorsqu’on observe les sacrifices nécessaires pour atteindre cet équilibre. Mais comment légitimer la fin de la répartition, aussi imparfaite soit-elle, lorsqu’en même temps on admet que le système est financièrement pérenne ?
Au menu de la réforme :
– incitation au recul de l’âge du départ à la retraite
– calcul de la retraite sur la totalité de la carrière, et plus sur les meilleures années ou les 6 derniers mois. Les femmes pâtiront tout particulièrement de ce changement car, du fait des inégalités qu’elles subissent, leurs carrières sont souvent plus discontinues et leurs salaires plus bas.
– les droits varieront en fonction de la valeur d’achat et de service du point, une valeur déterminée par le gouvernement et qui ne permet donc plus d’anticiper sur les droits acquis.
– les mêmes droits diminueront en fonction de l’espérance de vie de chaque génération.
– la part du PIB accordée aux retraites n’augmentera pas. Ainsi, si le PIB baisse, si le nombre de retraité.e.s augmente par rapport au nombre d’actif.ve.s, voir les deux en même temps, alors la part de retraite par individu va baisser.
L’objectif de cette réforme est de bloquer les dépenses (même si les besoins augmentent), et de baisser les pensions des plus précaires pour au moins maintenir celles des plus favorisés.
Et si nous avons besoin de plus de retraite et que nous en avons les moyens, ce n’est plus vers la caisse de répartition solidaire que nous sommes invité.e.s à nous tourner (cf la loi Pacte), mais vers des établissements financiers privés qui tenteront de faire fructifier notre capital retraite. A nos risques et périls.
source du bandeau “Éducation financière” : https://www.blackrock.com/fr/intermediaries/themes/retirement/blackrock-retirement-facts