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Centenaire de la révolution russe

La Révolution russe – événement d’envergure planétaire dont on fête le centenaire cette année – ne se limite pas à un affrontement binaire entre tsaristes et bolcheviks.
Des forces politiques ont agi, à l’époque, pour proposer un autre modèle qu’une monarchie cruelle d’un côté, une dictature cynique de l’autre.
Le mouvement anarchiste s’est battu pour une démocratie fondée sur les soviets libres, et non inféodés au Parti communiste ; un socialisme fondé sur l’autogestion, et non sur l’étatisation totale de la vie économique.
En première ligne, mais minoritaires en 1917, les anarchistes et anarcho-syndicalistes s’efforcèrent de rattrapper leur retard et de créer la surprise. Nous raconterons comment.

“De la Révolution russe, les libertaires ne retiennent souvent que deux épisodes épiques et signifiants : la Makhnovchtchina, Cronstadt 1921. La séquence initiale de 1917-1918 est plus mal connue. C’est pourtant là que l’essentiel de la partie s’est joué pour le mouvement anarchiste.

Quelle était alors sa consistance, quel fut son rôle, quels choix opéra-t-il  ?

En février 1917, après l’effondrement des institutions impériales, émergea une administration alternative – les soviets, les comités d’usines –, base d’un possible pouvoir populaire. Possible, mais pas assuré. Beaucoup dépendrait de l’orientation imprimée par les différents courants politiques à l’œuvre.

Or, en février 1917, l’anarchisme était la composante la plus minoritaire du socialisme russe.

Certes, la politisation fulgurante du prolétariat et des conscrits entraîna alors une croissance pléthorique des partis et des syndicats, jusque-là clandestins. Mais comment transformer ce flot de convertis volatils en une force collective, capable de peser sur le cours des événements  ?

Toutes les organisations furent confrontées à cet enjeu, auquel le mouvement anarchiste ne put répondre. Par manque de moyens, assurément  ; par manque de volonté aussi, du fait d’un reliquat de spontanéisme hérité de la période «  terroriste  » de 1905-1906.

Des années plus tard, bien des militants souligneront ces lacunes. Voline déplorera le manque de «  cadres  » pour répandre les idées anarchistes et «  contrecarrer la puissante propagande et l’action bolchevistes  » [1]. Makhno en voudra aux «  anarchistes des villes  » de n’avoir pas épaulé ceux des campagnes [2]. Anatole Gorélik jugera qu’«  il y avait très peu de militants anarchistes de formation théorique suffisante  » et évoquera son angoisse quand, dans le Donbass, il voyait «  chaque semaine, des dizaines de représentants et délégués d’ouvriers  » qui réclamaient «  des orateurs et agitateurs, de la littérature politique, mais surtout une aide morale et théorique  » sans que son groupe soit en mesure de répondre à la demande [3].

Le mouvement anarchiste n’ayant pu surmonter à temps son handicap initial, une large part de sa mouvance fut satellisée, puis aspirée par le Parti bolchevik, que sa supériorité numérique et organisationnelle faisait apparaître comme un outil plus efficace pour parer au plus pressé : vaincre la bourgeoisie et la contre-révolution.”[4]

Pour plus de détail, n’hésite pas à venir à la réunion publique sur la révolution russe le 1er Novembre à 20h00 aux oiseaux de la tempête (14 rue de la pinterie – fougères) et le 2 novembre à Rennes au Panama.

 

 (1) Voline, La Révolution inconnue, tome 2, Entremonde, 2009, page 17.

 (2) Nestor Makhno, Mémoires et écrits 1917-1932, Ivrea, 2009, page 108.

 (3)Anatole Gorélik, cité dans Alexandre Skirda, Les Anarchistes russes, les soviets et la révolution de 1917, Editions de Paris-Max Chaleil, 2000, page 144.

 (4) Edito du dossier du mensuel d’Alternative Libertaire sur 1917

Pour le dossier complet : http://www.alternativelibertaire.org/?Dossier-1917-Edito-Les-anarchistes-leur-role-leurs-choix

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